informations générales
Château de Montsoreau Passage du marquis de Geoffre 49730 Montsoreau
Montsoreau
- Personnes à mobilité réduite
- Payant
- Du 12/11/2019 à 18:00 au 12/04/2020 à 19:00
A partir du 12 novembre 2019, le Château de Montsoreau-Musée d’art contemporain consacre une exposition à Charlotte Moorman, véritable légende de la création contemporaine internationale.
Charlotte Moorman. Think Crazy s’éloigne de l’image réductrice de « topless cellist » affublée à Charlotte Moorman depuis sa performance de l’Opera Sextronique de Nam June Paik pour présenter l’artiste inclassable, iconoclaste et radicale, à la fois violoncelliste, performeuse, organisatrice d’événements et médiatrice de l’avant-garde.
La « Jeanne d’Arc de la Nouvelle Musique »
Par son attitude militante, Charlotte Moorman est très tôt surnommée la « Jeanne d’Arc de la Nouvelle Musique » par le compositeur Edgar Varèse.
Après une formation académique, Charlotte Moorman se libère du carcan de la musique classique pour proposer une vision de la musique contemporaine basée sur la porosité entre les pratiques artistiques.
Elle se rapproche de John Cage qui développe une musique où les bruits du monde sont utilisés comme source de création, elle, de son côté, développe un nouveau rapport à l’interprétation, y introduisant une démarche créative.
A chaque occasion, Charlotte Moorman questionne avec enthousiasme la frontière entre musique et arts plastiques et collabore avec les artistes les plus innovants de son temps: Nam June Paik, Yoko Ono, Joseph Beuys.
L’instrument du désir
Quelle que soit la proposition, Charlotte Moorman l’exécute avec précision.
Dans ses performances, Charlotte Moorman met en exergue le rapport physique voire charnel entre son corps et son instrument. L’un comme l’autre sont parfois mis à rude épreuve comme lorsqu’elle joue nue sur un violoncelle taillé dans un bloc de glace (Ice Cello, 1976) ou quand elle joue sur une bombe transformée en violoncelle (Bomb Cello, 1965).
Elle parvient néanmoins à choquer l’opinion et à se faire arrêter pour attentat à la pudeur en pleine performance quand, en 1967 au cours de l’Opéra Sextronique réalisé avec Nam June Paik, elle enlève ses vêtements et continue de jouer les seins nus. De nombreuses artistes féministes (à l'exception de son amie de longue date Carolee Schneemann) l'ont publiquement dénoncée, estimant qu'elle avait trop volontiers exposé son corps.
Parfois un corps étranger apparaît, comme celui de Nam June Paik (Child of the Cello), qui vient s’intercaler entre celui de la concertiste et son violoncelle.
Si le corps peut servir d’instrument au service de la musique en revanche, il n’est jamais instrumentalisé.
Charlotte Moorman ironise sur l’idée de la beauté véhiculée par la peinture classique et dénonce l'obsession de la société pour le corps féminin. Sur une photo prise pour Miss City Beautiful en 1952, elle montrait déjà sa somptueuse beauté avec un détachement désinvolte et amusé. Suspendue dans le ciel avec des ballons (Sky Kiss) de Jim McWilliams en 1976, devant l’opéra de Sydney, elle joue avec intensité de son instrument vêtue d’une robe de concert à l’image d’une concertiste classique.
« Think Crazy »
En 1963, Charlotte Moorman crée « le Festival d’avant-garde » , festival qui perdurera pendant 15 ans. Programmant les événements, elle invite des artistes (cinéastes, danseurs, poètes, musiciens…) aussi bien connus qu’inconnus à investir la ville de New York. A partir de 1966, le festival cesse de se dérouler dans des salles de spectacle traditionnelles pour se dérouler dans l’espace public (le bac J.F.Kennedy, Central Park, les îles Wards et Mill Rock, l’Arsenal du 69e régiment d’infanterie ou le Stade Shea), créant ainsi un précédent pour les futurs grands festivals de ce genre.
Comme un motto inscrit sur les banderoles du Festival d’Avant-garde, « Think Crazy » de l'artiste polonais Marek Konieczny est une exhortation à l’audace et à la créativité. Combinant sa formation classique et l’avant-garde, Moorman a fait remarquer un jour : "Je n'ai pas l'impression de détruire une tradition. J'ai l'impression de créer quelque chose de nouveau."
L’exposition
Charlotte Moorman. Think Crazy s’articule autour de deux grandes thématiques : le répertoire de Moorman en tant qu'artiste et son travail en tant que fondatrice et organisatrice de l'Annual New York Avant-Garde Festival. Elle comprend des œuvres d'une grande variété : photos, vidéos, archives, éphémeras provenant des archives privées de l'artiste.
Plusieurs œuvres iconiques jalonnent le parcours comme Cut Piece de Yoko Ono, que Charlotte Moorman aurait interprété près de 700 fois dans sa carrière et au cours de laquelle le public est invité à découper sa robe rouge pour en emporter un bout ; ou Bomb Cello, où elle apparaît jouant du violoncelle sur une bombe avec des fleurs tressées en guise d’archet.
Les éphéméras issus de ses archives personnelles témoignent d’une production prolifique comme l’intégralité des affiches des 15 éditions du festival d’avant-garde.