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  • Salle Théâtrale et culturelle rue du Stade 17870 Breuil-Magné

    Breuil-Magné

aménagement pmr
  • Personnes à mobilité réduite
  • Payant
  • Du 29/11/2019 à 20:30 au 29/11/2019 à 21:30

Avec quoi faire du théâtre ? Avec presque rien sinon du rare, du précieux, du vital. Stabat Mater Furiosa est de cette veine-là. Deux comédiennes, un texte et surtout l’envie incendiaire de dire.

« Je suis celle qui refuse de comprendre… » sont les premières paroles de ce spectacle.

Elles sont femmes, de celles qui parlent, simplicité sur un plateau, elles sont face au public  et parlent doucement, comme pour retenir cette colère qui les a fait venir ici et qu’ellent retiennent, qu’elles retiendront jusqu’au bout pour ne pas en être submergées, avalées, détruites.

Elles sont ce souffle qui s’insurge avec tout l’amour démesuré que peut concevoir un être humain pour cette humanité incompréhensible. Avec mille précaution, mesure, tendresse se diffuse ce cri de colère contre l’homme en guerre, l’homme de guerre. Mais pas cette colère violente qui heurte et use des mêmes armes, une colère qui interroge, pose les questions sans réponse et s’obstine à toujours poser ces questions : pourquoi, comment, comment l’enfant qui rampe sur le sol secoué de rire devient plus tard cet homme de guerre qui s’acharne à tuer, violer, détruire…

Rien n’est documentaire dans le texte de Jean-Pierre Siméon, chaque mot est poésie, chaque phrase est image, sens, goût, souvenir, espoir, paysage, et pourtant tout parle à notre imaginaire. C’est une chose déroutante et terrible de prendre conscience que ce texte écrit il y a vingt ans dans un langage à la fois percutant et musical, qui évite soigneusement la précision du détail journalistique, semble avoir été écrit hier pour ce qui se déroule aujourd’hui. Déroutant aussi de se rendre compte que cette évocation de la barbarie humaine nous paraît non pas étrange, étrangère, monstrueuse mais usuelle, tant nous sommes habitués à la guerre depuis plus d’un siècle.

Texte salutaire que Patricia et Muriel donnent non seulement avec leur talent, mais avec cette envie de porter ce texte dans son ventre et de lui donner la vie devant nous. C’est une incantation, non pas aux dieux, ni aux oracles, ni aux astres mais aux hommes. La sobriété de sa mise en scène, l’adresse au public, l’extrême solitude de cette parole représentée sans fards, sans enluminures donnent encore plus à voir et à ressentir l’émotion nue et par instant, le cœur et le souffle des spectateurs battent au même rythme que ceux des deux comédiennes.

Leur parole ne s’alanguit pas, pose presque trop rarement ces respirations qui font apercevoir l’enfant courant aux pieds des oliviers, les déserts asséchant la source... Car cette mère, cette femme, cette sœur représentée ici est tout sauf une mendiante, une pleureuse, une blessure qui gémit et pleure sur les morts, elle a plutôt l’impétuosité et la fièvre de la vie, irréductible, indestructible, à jamais debout.

 

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