UBU

Dans cette version aérobic d’Ubu sur la butte — pièce confidentielle d’Alfred Jarry — Olivier Martin-Salvan brosse un portrait sans concession de la course vers le pouvoir. Des acolytes en justaucorps, un tapis de sol bleu roi, et c’est parti pour une heure de chevauchée grinçante et subversive !

Sur les conseils avisés de sa femme, le Père Ubu assassine le roi de Pologne… mais laisse s’échapper le prince. Autour de ce trône vu comme un podium, hommes et nations se livrent une bataille sans merci : noblesse, justice et finance seront aux premiers rangs du peloton d’exécution. Et parce que l’appétit vient en mangeant, Ubu partira ensuite conquérir l’Ukraine à dos de modules en mousse, pendant que sa chère et tendre épouse piquera dans la caisse, avant de rejoindre les côtes d’une France devenue terre d’asile.

Plus courte et plus acide que la célèbre pièce de Jarry, Ubu sur la butte n’en reste pas moins une caricature féroce du pouvoir politique, dans ce qu’il a de plus fourbe et de plus délirant. Fidèle à son amour du potache, Olivier Martin-Salvan signe ici une farce corrosive, vue à travers l’univers pittoresque et inquiétant du sport, celui de l’aérobic et de la GRS. Casques de lutte, plastrons rembourrés, nobles martyrisés sur l’autel de la décadence… Rien ne nous sera épargné, et ce pour notre plus grand plaisir.