MIRAGES

A l’origine de cette série, une expérience inattendue datant de plusieurs années ; la rencontre saisissante, fascinante avec une Fata Morgana aux confins de la Bretagne, là où les terres finissent. Et, partant, la naissance d’un projet de consacrer un jour une part de mon travail de peinture à ce sujet.

Détournement du Réel, illusion d’optique, vue de l’esprit, abus de regard, jeu des apparences, faux-semblant, le mirage nous trompe, à tout le moins nous amène à douter de la réalité… Il pourrait passer pour un trompe-l’œil, il ne l’est pas. Juste la vision inhabituelle d’un phénomène physique et optique particulier. Des apparitions issues d’un réel devenu illisible, indéchiffrable, indéfinissable. Une quasi-abstraction en somme… La Figuration mise à mal, les questions de la représentation et de l’image reléguées, et voilà de quoi permettre à la Peinture d’occuper le terrain de la toile sans partage, avec toute latitude pour ne se préoccuper que d’elle-même.

Les amateurs de Peinture y trouveront des éléments de langage propres à celle-ci, articulant sa grammaire et son vocabulaire, entre vibrations chromatiques et matérialité, les plus attachés à l’image chercheront encore des éléments figuratifs évoquant un réel visible auquel pouvoir se raccrocher, plus difficilement néanmoins, tant cela n’est pas, ici, l’essentiel.

Sinon quelques évocations lointaines, par le biais d’un tel prétexte - le Mirage - ma peinture se voit plus détachée du souci d’une quelconque représentation, fidèle ou non, et se trouve dotée d’une certaine liberté lui permettant d’apparaitre davantage pour elle-même.       Christophe Ropion