Pinocchio

Il était une fois une bûche qu'un brave menuisier transforma en pantin de bois. Pinocchio était né. Un monde merveilleux s'ouvrait... Enfin presque car ce Pinocchio-ci, dans son rêve de devenir un petit garçon comme il faut, est d'un égoïsme absolu et d'une cruauté sans nom. Chacune des péripéties de son voyage vers la liberté et l'âge adulte est un rite, une découverte de la noirceur de ce monde à laquelle il fait merveilleusement écho. Il sera long le chemin vers la rédemption et la transformation miraculeuse en un « héros » positif. Dans cette histoire savamment troussée par Carlo Collodi en 1883, figure tous les archétypes du conte et en premier lieu l'ambiguïté car n'oublions pas cette règle d'or, il n'est de conte qui ne s'adresse aussi aux adultes. Et Jérémie Le Louët, dans sa mise en scène enlevée qui emprunte au théâtre forain, use de tous les artifices à sa disposition, décors sur roulettes, toiles peintes, costumes à portée de main, projections vidéo. Les comédiens passent d'un rôle à l'autre, avec vivacité et malice. La représentation a du souffle et Jérémie Le Louët, incarnant lui-même le personnage principal, entraîne dans son sillage survitaminé cette troupe qui passe sans crier gare du sublime au grotesque, du pathétique au terrifiant. Un théâtre où le plaisir du jeu s'affiche avec une joyeuse insolence !