Le Coeur et les Cyclopes

Le cœur a ses raisons... et surtout ici, son medium : l'aquarelle, employée et nommée par l'artiste lui-même comme son « collyre ». Sans qu'il soit porté préjudice à la gratuité formelle, à la grâce, à l'enfantillage, les œuvres exposées répondent qu'il est possible d'assimiler les poisons d'un narratif, et tout en promenant les nuées comme des péripéties, d'inviter des actualités récentes ou défuntes, de tisser des métaphores, de réveiller des mythes, d'oser des allégories : laisser tout pouvoir à l'élégie.

En regard et dans le prolongement de ce travail, André Machayekhi explore le Sentiment en lui donnant cette fois un « domaine », celui du monde des Cyclopes, pensés et montrés à la fois comme nos héritiers et nos semblables. Après l'aquarelle « L'ile presque heureuse des Cyclopes » qui raconte un bonheur installé, subitement troublé par l'échouage sur le rivage d'épaves potentiellement toxiques, l'artiste revient sur l'île et poursuit l'histoire de ces êtres fantastiques ( ? ) à la manière de l'illustrateur : en revisitant les couvertures du célèbre magazine Nous Deux, emblématique de la Presse du cœur des années 50. « Qu'ont les cyclopes à nous dire ? Depuis l'antiquité vintage où ils se meuvent, ils sont, à quelques détails près, ce que nous fûmes avant que nous ayons cessé d'être et incarnent ce vivant mystère de l'élection entre deux êtres et de leur fidélité... »