Grand concert "Apollo e Dafne - Handel & Fux" par l’Opéra Fuoco

Dans ce programme chambriste mis en espace, Fuoco Obbligato et la réalisatrice Randa Haines mettent en lumière le pouvoir narratif de Handel et de ses contemporains du XVIIIe siècle.

La cantate Apollo e Dafne de Handel, écrite pour deux voix et instruments obligés, se présente comme une scène d'opéra miniature et annonce son immense œuvre lyrique. L'emprunt du personnage d'Amore à l'opéra de Fux Dafne in Lauro enrichit l'œuvre en donnant vie au personnage invoqué par Apollon dans ses premiers airs. Amore, le Cupidon espiègle, manipule le monde des mortels et des immortels et se vante de ses pouvoirs, soulignés par des lignes instrumentales vives basées sur un demi-ton oscillant. Apollon, défié par lui, affirme que ses armes sont plus puissantes que celles de ce rival ailé.

Au fil de l'histoire, Apollon, frappé par la flèche de l'amour, poursuit la nymphe Dafne, ce qui confronte le public aux relations déséquilibrées et au non-consentement. Dans le duo A war rages in my breast, Dafne réaffirme son allégeance à Diane, déesse de la chasteté et de la chasse, tandis qu'Apollon s'extasie de son amour. Bien qu'ils partagent la même mélodie, leurs sentiments sont opposés. Pour se protéger, Dafne invoque sa vertu et se transforme en laurier. Fux, contrairement à Handel, donne une voix à la nymphe pendant sa transformation, où Dafne chante qu'elle quitte son corps pour gagner l'immortalité, soutenue uniquement par une viole de gambe.

Enfin, Amore, dans un échange malicieux avec le hautbois et le violon, offre une morale : malgré ses ruses, c'est la vertu qui a la plus grande valeur. Alors que l'effet de la flèche de Cupidon se dissipe, Apollon rend hommage à Dafne dans sa complainte finale et déclare qu'il couronnera les plus grands héros de ses lauriers toujours verts.

La force intérieure, la passion et l'humour se partagent la scène dans cette relecture musicale contemporaine du mythe.