Exposition : "Terres et fibres"

Elle se nourrit aussi de son travail d'architecte du patrimoine, attentif aux qualités du travail manuel, des surfaces et des matières : la chaux, le bois et ses veines, la terre et ses couleurs, la pierre... tout ce qui fait « la peau » sensible des édifices dans laquelle s'inscrivent les traces, les marques, gravées ou transparentes, teintées ou colorées, délavées ou mêlées...
La terre, les pigments, les végétaux, les papiers qu'il fabrique, l'activité manuelle lui permettent d'enraciner sa démarche dans un monde proche et concret. Mais les « images », parfois de simples géométries, sont celles d'un monde médité auquel il cherche à accéder par le travail artistique.
Parfois il faut de l'ordre, de la géométrie, mais quand il y a trop d'ordre, alors il faut de la vie, du mouvement. Quand il fait trop chaud, il faut un peu de fraicheur, trop d'obscurité, de la lumière.... ainsi chaque « image » est un monde. Il ne peut y avoir de recette, ni de répétition, au plus une parenté entre elles.
Ses images ne sont jamais nommées : il y faudrait des sons ou des mélodies, des vers libres... et chacun peut, peut-être y trouver son chemin, voire la source d'un dialogue.

Terres et pigments

Les terres récoltées en voyages proches ou lointains, les pigments minéraux, constituent une matière « primitive » inspirante qui a traversé toute l'histoire de l'art. C'est un moyen simple, presque écologique, pour se procurer les couleurs. C'est aussi une façon d'ancrer les images dans le souvenir... Iran, Roussillon, Grèce, Pyrénées....
Plus précisément, dans le travail artistique, ces pigments qu'il faut apprêter – plus quelques bleus difficiles à obtenir – offrent des ressources plastiques étonnantes, entre transparence et opacité, clair-obscur, chaud et froid...

Les « papiers »

Les « papiers végétaux » qu'Etienne Lavigne fabrique à partir de végétaux ( iris, artichaut... ), les « papiers recomposés » façonnés dans l'atelier, papiers recyclés ( là aussi un peu d'écologie ), les papiers « plissés » et modelés introduisent leur rythme varié.
Chaque « feuille » est alors en soi une composition, avant même de mettre en œuvre les terres et pigments.