Cycle "Les Mythes" Les femmes fatales 3 : Carmen, Manon, Salomé, Lulu

Figure destructrice archétypale, représentée à travers les mythes, la femme fatale, dans son acception plus restreinte de personnage dont le destin est de provoquer la perte des hommes qu'elle séduit, est devenue une figure fondamentale de l'imaginaire littéraire, pictural et musical, provoquant fascination et répulsion. Il en va ainsi de Manon, l'ingénue qui se révèlera, dans son insatiable appétit du plaisir, une sorte de monstre charmant engendrant, comme sans y penser, sa propre perte en même temps que la destruction de son pauvre chevalier. De son côté, Carmen, la gitane, fille du diable, experte aux chants, aux danses, aux sorts, à la magie, Carmen qui, enfant de Bohème, comme l'Amour, n'a jamais connu de loi, dans son immense appétit de liberté et de vie errante, mène elle aussi inexorablement à la mort.

Vierge glaciale et glaçante, femme-enfant amorale, femme fatale à la lubricité vénéneuse, nymphette perverse et pure, castratrice, transgressive, folle, objet de fascination et de répulsion, Salomé de Richard Strauss semble cristalliser tous les fantasmes masculins du décadentisme. Seule la Lulu expressionniste d'Alban Berg ira plus loin sur la pente du crime : présentée au monde comme un fauve, initiatrice et victime d'un cérémonial sadomasochiste, sulfureuse et indifférente à ses pouvoirs mortifères. Elle finira sous la lame de Jack l'Éventreur.