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Androgynie platonicienne : obsession
Les androgynes qui seront évoqués ici ne sont pas que des personnes non binaires ou fluides. Il s'agit des androgynes du mythe platonicien exposé dans le Banquet et supposé raconté par le poète Aristophane. Ainsi, au commencement y avait-il trois sortes d'êtres humains, les femmes, les hommes et les androgynes qui eux-mêmes pouvaient être constitués de deux éléments masculins ou de deux éléments féminins ou encore d'un élément masculin et d'un élément féminin. Aristophane dit que ces êtres étaient « d'une force et d'un courage exceptionnels » qui les conduisit à défier les dieux eux-mêmes, qui s'en émurent. C'est ainsi que Zeus, après en avoir délibéré, renonçant à anéantir le genre humain dans son entier, décida pour les affaiblir de séparer en deux les androgynes.
Cela manque de mal finir. Et cela finit bien. Car les Androgynes commencèrent alors à s'agiter pour retrouver la moitié d'eux-mêmes à jamais séparée. Cette agitation forcenée les rendait malades.
« Alors Zeus, touché de pitié, imagine un autre expédient [... ] c'est de ce moment-là que date l'amour [... ] l'amour recompose l'antique nature, s'efforce de fondre deux êtres en un seul, et de guérir la nature humaine » ( Platon, Le Banquet, trad. E. Chambry )
L'amour ou l'amitié, mais en tout cas, l'obsession de la fusion.
C'est ce que racontent ces deux-là, dans ce travail en résidence à la Cabane Georgina : l'obsession de leur amitié en vue dans une recherche de l'unité.
Si Platon et Aristophane sont les deux premiers parrains de l'aventure, Apollinaire serait le suivant. On le connaît poète lui aussi, critique d'art à ses heures, mais aussi l'auteur d'un des ouvrages les plus étonnants de la littérature française du début du 20e siècle : « les Onze mille Verges » roman pornographique où toutes les pratiques sexuelles, jusqu'à celles considérées comme les plus dépravées, sont mises en scène.
On pourrait bien sûr ne pas s'arrêter là dans la référence littéraire et inviter Bataille et Genet, qui l'un et l'autre, comme Apollinaire d'ailleurs, font partie de l'univers artistique des deux artistes.
Mais alors ? De quoi s'agit-il ?
La quête éperdue de l'unité primordiale retrouvée, mais à jamais perdue, si elle passe par l'amour et par l'amitié, passe aussi par la sublimation de l'art. Il s'agit, à partir de toutes ces chairs manipulées, de ces désirs furtifs ou appuyés, de faire de l'art par exultation.
Car, si les androgynes ne se retrouvaient pas, de temps à autre dans une grotte, pour témoigner encore, contre Zeus-le-père, de leur puissance intacte, alors, c'est le monde entier qui serait menacé.
Novembre 2024 – Pierre Oudart
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Provence Tourisme / Office de Tourisme des Loisirs et des Congrès de MarseilleArray